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Comment parler de la mort à mon enfant ?

Comment parler de la mort à un enfant ? La mort fait partie intégrante de la vie, dont elle est l’aboutissement. La mort est omniprésente. Il suffit d’allumer la télévision, et nous voici abreuvés de morts : attentats, guerres, catastrophes naturelles, accidents, etc. font la une des journaux télévisés, sans parler des films ou jeux vidéo. Et pourtant, paradoxalement, en tant que parents nous avons souvent beaucoup de difficultés à aborder le sujet avec nos enfants.

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Nous sommes curieusement prompts à laisser nos enfants fêter Halloween (qui signifie « la veille de la Toussaint ») alors que leurs déguisements symbolisent la visite des morts aux vivants. En revanche nous sommes souvent réticents à emmener nos enfants au cimetière le lendemain, jour de la Toussaint, fleurir la tombe de leurs ancêtres. Quant au 2 novembre, jour de la Fête des Morts, il s’est complètement perdu avec la déchristianisation. Pourtant, quelles que soient nos croyances, nous avons tous des morts dans nos familles. Et il est important que nos enfants soient associés à leur souvenir.

Pourquoi il est indispensable de parler de la mort aux enfants

Toute vie s’achève par la mort. Les enfants peuvent le constater au quotidien. Quand ce n’est pas le poisson rouge, le hamster ou le chien qui meurt, c’est le joli bouquet de fleurs qui s’est fané ou les poissons sur l’étal du poissonnier, sans parler des feuilles mortes à l’automne qui laisseront place à de nouvelles feuilles au printemps.

La parole soulage l’angoisse

Pour nous, adultes, la mort est associée à la séparation, à la tristesse et au deuil. Et nous pensons trop souvent, à tort, devoir préserver les enfants de ces émotions douloureuses. Pourquoi ? Parce que nous avons des difficultés à y faire face et nous projetons notre douleur sur nos enfants. Du coup, nous essayons de cacher nos émotions. Ou bien nous sommes mal à l’aise pour répondre aux questions de notre enfant et éludons le sujet. Or les enfants réagissent de façon très différente de la nôtre à la mort. Et ils ont besoin de réponses à leurs questions, car l’enfant sait quand ses parents lui cachent quelque chose ou lui mentent, et cela l’angoisse terriblement.

Entretenir la confiance

L’un des piliers de la parentalité positive telle que proposée dans ce blog est la confiance. Pour bien grandir, l’enfant doit pouvoir avoir confiance en ses parents. Mais ses parents doivent aussi lui témoigner leur confiance. Alors, comment cette confiance pourrait-elle subsister si les parents éludent la question de la mort ?

Devancer un deuil

Il est plus facile de parler d’un sujet compliqué pour l’adulte quand l’émotion est à distance. C’est pourquoi il est indispensable d’aborder le sujet de la mort dans des circonstances calmes. Cela permettra à l’adulte d’être moins submergé si un drame se produit, et à l’enfant d’avoir le temps d’intégrer les paroles de l’adulte.

N’importe quelle situation « désaffectivée » de la vie quotidienne peut être prétexte à aborder le thème de la mort avec son enfant. En effet, si la mort est présentée comme faisant partie de la vie, elle paraîtra naturelle à l’enfant. Il sera alors plus facilement en mesure de l’affronter quand elle se présentera.

Mais dans tous les cas, il est nécessaire de tenir compte de l’âge de l’enfant au moment où l’on évoque le sujet.

Expliquer à l’enfant le cycle de la vie

Il est simple d’expliquer à l’enfant le cycle de la vie, et son aboutissement dans la mort, à partir de situations du quotidien.

Vous pourrez ainsi faire observer à votre enfant le cycle de vie des fleurs, des arbres, des insectes. Vous veillerez toujours à employer des termes simples et positifs laissant entrevoir le renouvellement infini de la vie.

Laisser l’enfant mener la discussion

Il est toujours primordial de respecter le rythme de l’enfant. Laissez-le si possible mener la discussion, poser ses questions, car elles expriment ce qui l’intéresse. Vous n’aurez alors qu’à y répondre en fonction de votre ressenti. Vous ne pourrez certainement pas répondre à toutes ses questions. Ce n’est pas grave. Ce qui compte pour l’enfant, c’est de se sentir en sécurité dans la discussion avec son parent. Vous pouvez lui parler de choses tristes ou qui vous attristent si vous le faites en toute sincérité, si vous êtes à son écoute et en mesure d’accueillir ses émotions.

Votre enfant vous posera certainement des questions auxquelles vous ne pourrez pas répondre, comme « Qu’est-ce qu’on devient quand on est mort ? ». Evitez de donner une réponse péremptoire qui pourrait être source d’angoisse pour l’enfant. Si vous êtes croyant, vous pouvez parler du paradis. Mais préférez plutôt retourner la question et demandez-lui : « Qu’est-ce que tu penses, toi ? ». Vous laisserez ainsi libre court à son imagination et lui permettrez de s’inventer des solutions pour contrer ses angoisses. En tout cas, n’entrez jamais dans des détails sordides de putréfaction tant que l’enfant n’aura pas posé de question explicite.

S’adapter à l’âge de l’enfant

Déjà in utero, le fœtus vit les émotions maternelles, qui provoquent des modifications physiologiques jusque dans le liquide amniotique. La future maman en deuil doit d’adresser à son bébé et lui expliquer ce qu’elle ressent. Par là-même, elle trouvera un apaisement et apaisera son enfant.

Le  bébé est tout aussi sensible aux émotions de sa mère. Il perçoit sa tristesse et son stress. A tel point qu’il peut devenir grincheux ou irritable, perdre le sommeil ou l’appétit, voire déclencher une maladie. Pour éviter cela, le bébé a besoin d’être entouré, câliné et rassuré. Il est déconseillé de le laisser à l’écart chez des personnes vécues comme étrangères (même des grands-parents). Le risque est en effet qu’il se sente abandonné. Or toute séparation imprévue vécue dans un contexte de séparation irrémédiable peut prendre une valeur traumatique par la suite. Mieux vaut demander de l’aide à la maison et pouvoir continuer à parler à son tout-petit de son chagrin et le réconforter.

Jusque vers 5 ans, l’enfant a du mal à se représenter le caractère irréversible de la mort. Il perçoit essentiellement l’absence. C’est pourquoi il est possible qu’il vous demande « Quand est-ce qu’elle va re-vivre Mamie ? ». Vous lui expliquerez alors que Mamie est morte pour toujours mais qu’elle continue de vivre dans son souvenir et le vôtre, qu’il peut se rappeler les bons moments avec elle, lui parler et en parler.

Ce n’est que vers 10 ans que l’enfant est en mesure d‘intégrer véritablement le caractère inéluctable et définitif de la mort.

Les mots pour le dire

La mort est trop importante pour que nous, parents, utilisions des périphrases pour en parler. Nous devons absolument utiliser les termes existant dans la langue française.

En effet, que peut-il se passer dans la tête de votre enfant à qui vous annoncez « Papi est parti » ou « Papi nous a quittés » ? Il est déjà souvent parti, et jusqu’à présent, il est toujours revenu ! L’enfant va vivre dans l’attente d’un retour, attente toujours déçue. Il va finir par se résigner, se dire que si Papi ne revient pas, c’est qu’il ne doit plus l’aimer, qu’il a dû faire une bêtise qui ne le rend plus digne d’être aimé. De ce fait, il va se construire une image dévalorisée de lui et perdre confiance en lui. Il va culpabiliser d’avoir fait partir son grand-père. Constatant que les adultes sont tristes autour de lui, il va se conforter dans cette croyance. De plus, il gardera pour lui ses mauvaises pensées, s’imaginant que parler contrarierait davantage ses parents.

Ne parlez pas non plus de voyage ! Cela pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur le plaisir qu’il pourrait avoir à voyager lui-même. Le Papi n’est pas non plus devenu une étoile.

Utilisez des mots simples ! Parlez avec tact, en regardant votre enfant afin de détecter ses réactions !

Dédramatiser

L’enfant peut être angoissé par le côté mystérieux de la mort et avoir peur de mourir ou que vous mourriez. Rassurez-le ! Vous pouvez lui expliquer qu’en principe, on meurt quand on est âgé, de vieillesse ou à la suite d’une maladie, grave du fait de l’âge. Certes il arrive que des personnes jeunes meurent, voire des enfants. Il s’agit alors le plus souvent d’accidents, parfois de maladies graves. Il est important de préciser cette notion de gravité de la maladie, car l’enfant pourrait craindre mourir d’un banal rhume.

Pensez toujours que si vous parlez à votre enfant avec bienveillance, que vous respectez son rythme, il puisera de la force dans votre amour et pourra affronter les vicissitudes de la vie !

Transmettre les valeurs familiales

De nombreux rituels continuent à entourer la mort, même si certains ont tendance à se perdre.

Mort et religion

Mort et religion sont intimement liés. Les croyants, quelle que soit leur religion, pourront ainsi élargir la discussion à la transmission de leurs propres croyances. Ils accompliront les rites relatifs à leur religion.

Pour les chrétiens, la Toussaint est une fête religieuse qu’ils pourront expliquer à leur enfant.

Enfant au cimetière
L’enfant a une représentation de la mort différente de celle de l’adulte

Les funérailles

Les parents se demandent souvent si l’enfant a sa place aux funérailles d’un proche. La réponse est oui, bien sûr, à condition qu’il ait envie de s’y rendre !

Les funérailles font partie des rituels marquant la séparation définitive d’avec le défunt, son non retour dans la vie terrestre. Les enfants, comme les adultes, ont besoin de participer à ce rituel pour entamer leur processus de deuil.

Tenir l’enfant éloigné des funérailles, c’est lui faire passer un message encore plus anxiogène autour de la mort. En le maintenant à l’écart chez des personnes plus éloignées, il risque de s’imaginer des choses terribles qu’il ne peut pas formuler. De plus, tandis que les adultes seront réunis pour se réconforter les uns les autres, il se sentira seul. Pourquoi n’aurait-il pas droit au même réconfort que les adultes ? La peine de chacun est réelle et peut être partagée sans fausse pudeur.

Mais il est souhaitable que la participation de l’enfant soit active. Il pourra faire un dessin, déposer une fleur ou un objet dans la tombe. On veillera à lui laisser la possibilité de s’adresser au défunt et de lui transmettre un message.

Les parents peuvent parfois craindre un comportement inadapté de l’enfant. Il arrive en effet que l’enfant chante, danse, crie ou courre dans le cimetière. Ces débordements sont sa façon à lui de tenter de juguler son angoisse. Plutôt que de le réprimander, mieux vaut le prendre par la main ou dans les bras et verbaliser avec lui sa tristesse. Cela lui permettra de faire face à la situation et lui donnera la force de dépasser l’épreuve.

En résumé

Il est indispensable de parler de la mort à votre enfant avant qu’il ne se trouve confronté au deuil d’un proche. En effet, la parole soulage l’angoisse et renforce le lien de confiance.

Il convient d’expliquer à l’enfant le cycle de la vie en le laissant mener la discussion, tout en s’adaptant à son âge. Cela permet de dédramatiser le côté mystérieux de la mort.

L’enfant doit pouvoir assister aux rites funéraires, moment forts de resserrement familial mais aussi de transmission de valeurs.

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